Coucou!
Attention, on démarre ce billet par un peu de géographie suisse!
La Suisse compte quatre langues nationales, réparties en quatre régions linguistiques. L’allemand (ou plutôt le suisse-allemand) est la langue la plus répandue (env. 66 %), suivie du français (24 %), de l’italien (9%) et du romanche (moins d’1%). En principe, les élèves du pays apprennent, comme seconde langue, l’autre langue nationale (français ou allemand), puis, comme troisième langue l’anglais. Je dis en principe car ce système provoque débats et discussions en ce moment, surtout en Suisse allemande (l’anglais semblerait vouloir prendre la 2ème place).
Nous vivons dans une ville bilingue, Bienne. Grossomodo, 60% des Biennois sont de langue maternelle allemande et l’autre partie française. Mais, la grande majorité de la population s’exprime plus ou moins bien dans l’autre langue. Parfois, cela étonne les visiteurs, si vous tendez l’oreille, vous assistez à de drôles de conversations où chacun s’exprime dans sa langue maternelle mais comprend tout à fait son interlocuteur qui répond dans l’autre langue. Une ville bilingue, cela signifie que les rues sont écrites dans les deux langues mais aussi toute la communication officielle de la ville, du tourisme, les médias ou certains cursus scolaires existent dans les deux langues. Bref, nous vivons le bilinguisme à fond la gomme!
J’aime cette complémentarité, qui tourne parfois à la dualité, c’est bien vrai. Je ne me verrai pas vivre dans une commune monolingue. Je tiens mordicus à cette richesse culturelle car, en plus de la langue, ce sont bien des cultures différentes. C’est la foire au cliché! Par exemple, on prête aux Suisses alémaniques la rigueur, la volonté, le sérieux et aux Romands la joie de vivre, un peu de laxisme, un goût prononcé pour l’apéro… No comment ^^! Les différences entre les Romands et les Suisses allemand pourront faire l’objet d’un billet tout entier!
Mon expérience du bilinguisme
Ma langue maternelle est le français… Enfin, pas vraiment. Car ma maman, MamiChocolat, fait partie de ces Biennois parfaitement bilingues. Avec PapiBacchus, francophone et francophile mais parlant aussi couramment le suisse-allemand, ils ont choisi de nous élever dans la langue française. A mon regret, j’ai donc appris le suisse-allemand sur le tard; Tout d’abord le bon allemand, le Hochdeutsch, à l’école, puis lorsque j’ai démarré ma vie professionnelle. Je me souviens encore d’avoir passablement stresser lorsque les appels entrants portaient les indicatifs suisse-allemands… J’avais appris par coeur des petites phrases types… J’en rigole aujourd’hui mais sur le coup, je ne faisais pas la maligne. J’ai toujours travaillé avec des équipes bilingues, qui ont enrichi petit à petit mon vocabulaire et mes expressions.
Depuis cinq ans maintenant, je travaille à Berne mais toujours au sein d’une équipe qui mixe joyeusement des Romands et des Suisses allemands.
Mon suisse-allemand est de loin, mais alors de très loin, pas parfait mais j’ai appris à m’en moquer et surtout à ne plus me gêner de parler. Persuadée qu’une langue s’apprend ainsi et même si mes phrases sont ponctuées de fautes, je parle le parle quotidiennement. Et nous, les Romands. avons un grand avantage comparé à nos homologues: notre accent est trop mignon, dixit les Suisses allemand themself. On ne peut pas dire que ce soit vrai dans l’autre sens, hein?
Pour la rédaction, impossible d’écrire en suisse-allemand. Cela reviendrait à écrire phonétiquement! D’ailleurs, chaque Suisse allemand écrit d’une manière différente, il me semble. C’est pour cela que le bon allemand est d’usage pour l’écriture. Là aussi, quotidiennement, je communique par écrit dans la langue de Goethe, avec quelques fautes grammaticales.
Par contre, le suisse-allemand reste une langue étrangère pour moi. Parfois, il n’est pas évident de nuancer ses propos ou faire preuve de tact et de diplomatie. Et puis, cela ne me semblerait pas naturel de parler cette langue avec ma famille ou mes enfants, vous voyez?
Le bilinguisme de Croque-Monsieur
Pour le coup, Croque-Monsieur est parfaitement bilingue, puisqu’il parle couramment le français (même avec un accent jurassien plus prononcé que le mien! Bien intégré non?^^) et le portugais, sa langue maternelle. Pour le suisse-allemand, on va dire qu’il le baragouine mais il le comprend bien je trouve (même s’il dit le contraire).
Il s’adresse presque toujours en portugais à nos enfants, ce que je trouve fantastique. Pour l’instant, MissConfiture comprend tout mais répond systématiquement en français. Par contre, elle chante en portugais, ce qui a le don de faire craquer toute ma belle-famille, vous imaginez bien! D’ailleurs, c’est étonnant mais ils ont souvent le réflexe de leur parler en français. Alors, on leur rappelle alors gentiment de persévérer un peu.
Nos enfants parleront peut-être pas aussi couramment le portugais que Croque-Monsieur mais ils auront au moins l’oreille et pourront se débrouiller en vacances.
Et les enfants?
A la maison, nous parlons donc principalement le français. J’aimerais beaucoup que mes enfants puissent suivre une scolarité bilingue français-allemand afin d’assimiler dès l’école enfantine (pardon, la Harmos 1? Bo, je n’y connais pas encore grand chose) le suisse-allemand. A mon avis, savoir communiquer en suisse-allemand est un avantage non-négligeable dans notre pays. Pour l’instant, cela semble compliqué car il y a beaucoup de demandes et peu de places. On verra et temps voulus.
Pour l’heure, je ne me vois pas du tout leur parler en suisse-allemand et MamiChocolat non plus je crois bien. J’imagine alors qu’ils l’apprendront comme moi, à l’école puis en le pratiquant dans leur future vie professionnelle. Par contre, j’espère sincèrement qu’ils pourront s’exprimer à l’aise en portugais.
Je termine ce billet par une petite anecdote qui m’a interpellée: Je parlais l’autre jour avec une connaissance d’origine chinoise, dont les enfants suivent des cours de cantonais. Logique, car elle leur parle dans sa langue maternelle. Elle me disait que 80% des enfants présents n’ont aucun lien avec la Chine. Les parents leur font suivre cette formation, simplement parce que le chinois serait la langue de l’avenir. Et je vous parle d’enfants de 6 à 7 ans… Cela m’a laissé un peu perplexe… Il me semble qu’on apprend plus facilement une langue en la vivant à la maison ou au moins en s’intéressant à sa culture, non?
Et vous, quelle(s) langue(s) parlez-vous à vos enfants?
Bises
Virginie
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